La carte des risques politiques 2021, publiée par Marsh, révèle une augmentation sans précédent des risques économiques, à la fois par pays, par région et au niveau mondial. Ce phénomène a été alimenté par l'augmentation des déficits budgétaires au cours des 12 derniers mois, qui a accru les risques de crédit souverain et commercial dans les économies moins développées. Les conclusions de la carte des risques politiques 2021 font écho à celles du rapport sur les risques mondiaux 2021 du Forum économique mondial, qui indique également que la pandémie de COVID-19 exacerbe les inégalités entre les économies émergentes et les pays industrialisés et pourrait, à terme, entraîner une fragmentation sociale et affaiblir la stabilité géopolitique.

Lien vers la PRM: https://www.marsh.com/be/fr/insights/research-briefings/political-risk-map-2021.html

Conclusions pricipales:

• Inégalités croissantes entre pays riches et pays pauvres en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe
• La Banque mondiale estime que 88 à 115 millions de personnes supplémentaires dans le monde sont tombées dans l'extrême pauvreté en 2020, un chiffre qui pourrait atteindre 150 millions en 2021.
• Une augmentation continue des risques économiques pour tous les pays, avec un impact supplémentaire sur le crédit gouvernemental, les devises et les risques commerciaux.
• Une augmentation du nationalisme politique et économique avec un impact possible sur les élections.
• Des inégalités sociales peuvent donner lieu à des conflits ouverts qui pourraient également devenir des foyers de troubles civils.
• La réponse à la pandémie ajoute une nouvelle arme à l'arsenal politique des puissances concurrentes : la "diplomatie du vaccin".
• Une pression accrue sur les ressources publiques dans les marchés émergents en raison de l'augmentation de la dette publique, avec des mesures négatives potentielles pour les entreprises (tant nationales qu'étrangères).
• On s'attend généralement à ce que la résurgence rapide de la Chine après la pandémie, associée à des dépenses de relance sans précédent de la part de l'UE et des États-Unis, donne une impulsion significative à l'économie à court terme. Mais le rapport prévient que l'impact pourrait n'être que temporaire, retardant ainsi la prise en compte des inégalités sociales, de la dette publique insoutenable et de l'écologisation du secteur énergétique.

L’Europe

La pandémie a accru l'incertitude économique et sociale en Europe et mis la pression sur les dirigeants de l'UE pour qu'ils approuvent une aide financière de 1 800 milliards d'euros afin de reconstruire l'Europe de l'après-COVID-19.

La gestion de la dette et la collecte de fonds resteront une préoccupation majeure, tout comme les mesures d'austérité ou les augmentations d'impôts, qui risquent de ralentir la reprise.  Cependant, des niveaux élevés de dette publique signifient également l'oppression des dettes des particuliers et la limitation des options de financement.

En 2021, l'UE devrait axer ses politiques et ses réglementations sur la reconstruction d'une Europe post-COVID-19 plus ouverte sur le plan économique et stratégique et plus autonome sur le plan politique. Cela devrait conduire à une refonte de la politique de l'UE en matière de commerce et d'investissement, et déclencher une nouvelle stratégie industrielle axée sur l'écologie et le numérique. D'autre part, l'UE va probablement essayer de trouver un équilibre entre la résilience stratégique et le fait de rester compétitive et ouverte au commerce multilatéral avec les acteurs étrangers.

Le continent américain

En 2020, les autorités américaines se sont concentrées sur les opérations de soins de santé liées à la Pandémie. L'année 2021 devrait être marquée par une reprise économique.

L'une des clés de cette reprise économique en Amérique et dans d'autres régions est l'introduction des vaccins COVID-19. Les États-Unis ayant été les premiers à développer ces vaccins et à les distribuer de manière massive, le phénomène de la "diplomatie des vaccins" est apparu en 2021. Les États-Unis, le Japon, l'Inde et l'Australie ont ratifié un accord visant à livrer les vaccins COVID-19 dans toute l'Asie d'ici à la fin de 2022. Cette "diplomatie vaccinale" peut contribuer à endiguer l'influence régionale croissante de la Chine et à consolider les valeurs démocratiques en Asie. Elle devrait cimenter la coopération avec les partenaires d'Asie-Pacifique en matière de sécurité et de cybermenaces, dans le but ultime de réduire leur dépendance à l'égard de la Chine, ce qui menacerait également des éléments clés de la stratégie chinoise.

Asie-Pacifique

De nombreux pays d'Asie-Pacifique dont l'économie dépendait fortement des industries du textile et de la sous-traitance automobile ont été durement touchés en 2020. En réaction, de nombreux constructeurs automobiles et producteurs de biens matériels constituent actuellement des stocks, ce qui fait grimper les coûts d'expédition et l'inflation. Certaines entreprises adoptent également une stratégie "Chine plus un" pour apporter plus de résilience et de diversité à leurs chaînes d'approvisionnement. L'Asie et le Pacifique resteront longtemps le théâtre de tensions géopolitiques permanentes entre les deux plus grandes populations de la planète.

La rivalité entre la Chine et l'Inde devrait s'intensifier à l'avenir, car la population de l'Inde augmente plus rapidement que celle de la Chine. Plus de 70 % de la valeur du commerce indien et 90 % de son volume commercial sont liés aux exportations maritimes. L'initiative chinoise "Belt and Road"[1] est devenue un élément déterminant de la politique économique extérieure de Pékin.

Pour l'Inde, les collaborations stratégiques avec des partenaires internationaux et la recherche d'une coalition économique contre la Chine sont donc cruciales.

Le plan d'expansion militaire de l'Inde dans l'archipel malais complète ses ambitions de puissance régionale et accroît le contrepoids à l'ambition d'hégémonie régionale de la Chine, ce qui in fine renforcera également la position de l'Inde dans le dialogue quadripartite sur la sécurité (QSD)[2].

La Chine

La Chine a déjà connu une reprise des exportations au deuxième trimestre de 2020, en raison de la forte demande d'équipements de protection individuelle, de fournitures médicales et de produits électroniques. La Chineest entretemps également devenue un producteur de semi-conducteurs, qui fournit 10 % de ses besoins propre, mais représente également une partie essentielle de l’exportation de l'industrie taïwanaise des semi-conducteurs. Taïwan sera probablement le principal bénéficiaire de la stratégie "Chine plus un", mais la montée des tensions avec la Chine pourrait éventuellement amener le gouvernement Tsai à se désolidariser de l'économie chinoise.  

Et la Belgique ?

Rebecca Tielemans, CEO de Marsh Belux, conclut : “Alors que le monde se remet des effets de COVID-19, nous nous attendons à ce que les inégalités sociales, les risques économiques pays par pays, les ressources stratégiques et le nationalisme qui en découle restent à l'ordre du jour et influencent les décisions politiques pendant un certain temps encore. Bien que de nombreuses régions présentent des risques accrus, il reste des opportunités pour les entreprises, les financiers et les investisseurs. En Belgique également, la couverture des risques politiques et de crédit de Marsh peut fournir des solutions pour sécuriser le capital d'échange et d'investissement de nos entrepreneurs belges et débloquer des liquidités.”

En savoir plus sur ce rapport

La carte des risques politiques 2021 est basée sur les données de la plateforme World Risk Review de Marsh Specialty. Il évalue 197 pays et territoires sur neuf indicateurs liés à la sécurité, au commerce et aux investissements. La carte interactive peut être utilisée pour aider les multinationales à prendre des décisions plus éclairées sur la manière d'allouer leurs ressources financières et de gérer les risques liés à leurs opérations, actifs, investissements et contrats au cours de l'année à venir.

https://www.marsh.com/be/fr/insights/research-briefings/political-risk-map-2021.html

[1] L'initiative "Belt and Road", également connue sous le nom de "nouvelle route de la soie", désigne une stratégie de développement du gouvernement chinois visant à relier et à faire coopérer les pays d'Afrique et d'Eurasie.

[2] The Quadrilateral Security Dialogue (QSD, also known as the Quad) is an informal strategic dialogue between the United States, Japan, Australia and India.