EY - La zone euro connaît sa plus importante période de croissance depuis 2011
Selon l’édition de juin 2015 de l’EY eurozone Forecast (EEF), le démarrage positif de la zone euro en 2015 — avec une hausse de 0,4% du PIB pour le premier trimestre, plus forte qu’aux Etats-Unis et au Royaume-Uni - laisse à penser que les consommateurs réagissent positivement aux prix plus faibles de l’énergie. Les prévisions à terme tablent également sur une reprise plus large, avec une estimation de croissance de l’ordre de 1,6% en 2015 et de 1,9% en 2016.
Au cours des derniers mois, les études conduites auprès des entreprises et les statistiques relatives aux prêts sont toujours plus positives et révèlent la disposition des entreprises à investir. L’EEF s’attend à une hausse totale des investissements de 1,1% en 2015, avant une accélération faisant grimper ce seuil à presque 3% en 2016–17 pour descendre à 2,5% en 2018–19. Ceux-ci sont bien en dessous des taux de croissance d’investissements pré-crise mais comme ces derniers étaient réalisés par le secteur du logement, un rythme plus faible du besoin d’accumulation de capitaux n’implique pas obligatoirement une croissance future plus faible.
L’assouplissement quantitatif va contribuer à maintenir, pour cette année et l’an prochain, le coût de l’emprunt à un niveau bas pour les gouvernements et les personnes privées dans la zone euro. Toutefois, la possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro pourrait assombrir les marchés financiers.
Tom Rogers, Conseiller économique Senior auprès de l’EEF, commente:
Si l’on ne tient pas compte de la Grèce, bien des menaces ayant pesé sur la zone euro ont disparu au cours des 6 à 12 derniers mois et l’économie a réagi par une croissance plus rapide et par la création d’emplois. Bien entendu, des risques persistent mais un financement peu onéreux, un euro faible et l’amélioration de la confiance des ménages sont autant de facteurs suggérant un redémarrage des investissements des entreprises au cours des trimestres à venir. La faiblesse des prix de l’énergie, la hausse des dépenses de consommation, un marché du travail renforcé et un euro plus faible vont tous contribuer à une reprise plus générale. Néanmoins, malgré la tendance positive au niveau des dépenses de consommation, le chômage demeure élevé (5,9% au Luxembourg en 2015) dans la majorité de l’union monétaire. Les communautés politique et économique de la zone euro vont devoir collaborer afin de relever ce défi majeur qu’est le chômage, avec pour priorité la création d’un environnement plus favorable pour les jeunes.
Alain Kinsch, Managing Partner d’EY Luxembourg, poursuit:
« La croissance du PIB au Luxembourg devrait baisser légérement à 2,6% en 2015, notamment impactée par des taux de TVA plus élevés, ceux-ci afaiblissant les dépenses de consommation, mais aussi annulant quelque peu la situation favorable induite par le faible coût du pétrole. Cependant, une croissance autour des 3% par an est attendue à l’horizon 2016-2018, la demande au sein de la zone euro favorisant la production industrielle et les exportations, même si l’on s’attend à un léger ralentissement de ces investissements et exportations à l’horizon 2018. L’inflation devrait demeurer en-dessous de 1% en 2015, avant d’augmenter à 2% environ en 2016 en raison de la vigueur de la demande locale et de la faiblesse de l’euro. Le taux devrait ensuite se stabiliser, aidé en cela par la stabilité de l’excédent budgétaire et l’appréciation de l’euro avant la fin de cette période ».
Alain Kinsch ajoute:
« L’ouverture de l’économie luxembourgeoise et les changements réglementaires et structurels affectant le secteur des services demeurent une source de risques pour les investissements et la croissance à moyen terme, mais les excédents budgétaires, notamment extérieurs, combinés au contexte de reprise de l’économie de la zone euro offrent une bonne protection contre tout choc potentiel ».
Des dépenses de consommation au plus haut depuis 2006
Durant le second semestre 2015, les ménages vont commencer à anticiper les effets de la hausse de 5% des factures d’énergie attendue en 2016, en phase avec les cours mondiaux du pétrole, élément susceptible de ralentir quelque peu leur consommation.
Toutefois, les perspectives des marchés du travail étant fiables, l’EEF table sur une hausse des dépenses de consommation de l’ordre de 1,7% en 2015 et de 1,6% en 2016, alors qu’elle n’était que de 1% en 2014 et plus faible encore les années précédentes. Dans certains pays tels l’Allemagne, cette hausse est induite prinicpalement par la hausse des salaires dans des marchés du travail qui se resserent. Dans d’autres, tels que l’Italie, les consommateurs, encouragés par la stabilisation des marchés de l’emploi, investissent les gains réalisés sur le poste « énergie » dans des produits plus coûteux comme des voitures ou des produits électro-ménagers.
Les exportations devraient retrouver un certain dynamisme
La dépréciation qui a fait baisser l’euro de l’ordre de 7% en comparison à la situation de début d’année, niveau plus encore que la livre Sterling, a renforcé la compétitivité de la zone euro à l’exportation . L’EEF prévoit un affaiblissement de l’euro à 1,10 dollar d’ici la fin de l’année et à 1,05 dollar d’ici fin 2016.
Les exportateurs vont également continuer à bénéficier de la reprise dans d’autres économies avancées telles que le Royaume-Uni et les Etats-Unis. L’EEF table sur une hausse des exportations de la zone euro de l’ordre de 3,7% en 2015 alors que les importations demeurent importantes malgré une augmentation de leur coût. Cependant certaines économies émergentes, en particulier la Chine, ont programmé un ralentissement économique progressif au cours des années à venir, la demande pour les biens d’équipement européens pourraient donc connaître une modeste croissance avec un relâchement de la croissance des exportations, passant d’un pic de 4,2% en 2016 à 4,1% en 2017 et 3,6% en 2018 et 2019.
Alain Kinsch note: « Au Luxembourg, les exportations du secteur des services vont soutenir l’accélération en 2016–17 et amener l’excédent de la balance courante à 5% environ du PIB l’année prochaine. La promotion de l’activité de gestion des fonds sera assurée par un accroissement des flux transfrontaliers, un assouplissement de la politique monétaire ainsi que par le dynamisme retrouvé des banques consécutivement aux changements réglementaires ».
La composition de la croissance devrait changer au second semestre 2015
L’EEF table sur une reprise graduelle du rythme des dépenses d’investissement au cours du second semestre de cette année ainsi qu’en 2016. Les conditions de crédit ont continué à s’améliorer au même titre que les indicateurs de confiance des entreprises. Toutefois, les incertitudes persistantes sur l’avenir de la Grèce dans la zone euro et les conséquences de sa sortie potentielle ont constitué jusqu’à présent un frein à une augmentation des dépenses d’investissement.
Perspectives
Tom Rogers poursuit: « Les perspectives économiques se sont certainement beaucoup améliorées mais il est essentiel que les décideurs politiques soutiennent les efforts entrepris tous azimut. Il est primordial que les gouvernements maintiennent les réformes économiques parfois difficiles mais améliorant la compétitivité et utilisent toutes les marges budgétaires existantes pour favoriser des dépenses dans des domaines porteurs de croissance ».
Alain Kinsch conclut : « Les dirigeants d’entreprises ayant des intérêts dans la zone euro doivent se préparer à ce retour à une croissance plus stable. Le destin de la Grèces demeure une sérieuse pierre d’achoppement pour la monnaie unique. Néanmois, dès que les incertitudes liées au futur de la Grèce seront levées, nous tablons sur une hausse des investissements plus visible dans un proche avenir ».
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