L’univers dans lequel évoluent les entrepreneurs est complexe, et pour faire croître leur entreprise, ils doivent pouvoir se concentrer sur leur cœur de métier. Créatrices d’emploi et de valeur, les PME innovantes bénéficient de l’attention de nombreux pays qui cherchent à les attirer. Mais de quoi ont-elles besoin pour se développer? Quels sont les atouts et les faiblesses de l’écosystème luxembourgeois en la matière ?
Ce sont ces questions qui étaient au cœur du dernier « Rendez-vous du Secteur Public » organisé par PwC Luxembourg et qui a rassemblé un large public allant des professionnels du secteur public du Luxembourg, des institutions européennes et de la Grande Région ainsi que des professionnels du secteur financier.

Revenir aux fondamentaux

Lorsque l’on parle d’écosystème d’innovation, l’exemple de la Silicon Valley est dans tous les esprits. « Pour créer et développer un tel écosystème, et favoriser la création d’entreprise, il faut revenir aux fondamentaux. Financement, infrastructures d’accueil, taille du marché, éducation et recherche, mais aussi mesures ciblées d’aide au développement pour certains secteurs. Les PME innovantes nécessitent tout un ensemble de conditions qui vont, sinon garantir leur succès, du moins favoriser leur implantation et leur croissance, » explique Philippe Pierre, associé et responsable Public Sector chez PwC Luxembourg.

Quid de l’écosystème luxembourgeois ? Quels sont ses forces et ses faiblesses ? Classé 19e sur 144 pays, les auteurs du Rapport global sur la compétitivité (GCI)  notent, parmi ses nombreux atouts, la stabilité des institutions ou encore la qualité de ses infrastructures. Quant à ses faiblesses, ils soulignent, une certaine rigidité du marché du travail ou encore l’étroitesse de son marché domestique. La recette miracle donnant le bon dosage entre intervention du secteur public et du secteur privé n’existe pas. Pour développer l’esprit d’entreprise, le Chili a fait le choix d’attirer des entrepreneurs et porteurs de projet étrangers, en proposant aux plus prometteurs d’entre eux un capital de départ, un visa et un accès facilité aux décideurs économiques et politique du pays. La contrepartie : partager leur savoir-faire en matière d’entreprenariat avec la population locale, entrepreneurs en herbe et étudiants.

L’accès au financement, au Luxembourg et plus généralement en Europe, reste problématique comme l’ont souligné les participants de ce « Rendez-vous du Secteur Public ». Une des solutions se trouve peut être à l’échelle européenne : faciliter l’accès des PME au financement est la mission de l’European Investment Fund. «En collaboration avec la Banque Européenne d’Investissement et la Commission Européenne, l’EIF vient de lancer de nouveaux instruments financiers d’aide aux PME innovantes. Baptisé The InnovFin SME Guarantee Facility, ce programme va injecter entre neuf et dix milliards d’euros sur les prochaines années, sous forme de garanties consenties à des intermédiaires financiers. C’est quatre fois plus que Risk Sharing Instrument for Innovative SMEs auquel ce programme fait suite", explique Rémi Charrier, responsable du développement des affaires institutionnelles à l'EIF.

Autre défi des PME innovantes : exporter leurs produits ou services. Pour les entreprises ayant fait leurs preuves sur leur marché domestique, l’internationalisation est une source essentielle de développement et de création de valeurs. Mais comment aborder ce défi ? « Pour les entreprises innovantes, la concurrence est de facto internationale. Les clusters, incubateurs et accélérateurs sont indispensables dans ce cas. Ce sont des structures qu’un écosystème d’innovation se doit d’avoir pour aider les entreprises à se lancer sur de nouveaux marchés, à se construire un réseau de partenaires et à trouver des investisseurs, » ajoute Laurent Probst, associé chez PwC Luxembourg en charge du PwC’s Accelerator.

Créer les conditions nécessaires au développement des PME innovantes est-il suffisant pour favoriser l’esprit d’entreprise ? Pour Nicolas Buck, PDG de Seqvoia, « il faut aussi changer les mentalités. Si on veut plus d’entrepreneurs, ils doivent être perçus différemment. Il faut en faire les héros des temps modernes, pour donner envie aux jeunes de prendre des risques et de se lancer. L’esprit d’entreprise ne se décrète pas avec des mesures, il s’apprend. »